Il y a un peu plus de 50 ans, en
1966 exactement, des anthropologues prédisaient avec confiance la disparition
mondiale de la religion au profit d'une science en pleine évolution : « La croyance
en des pouvoirs surnaturels est condamnée à disparaître partout dans le monde.
Résultat de l'adéquation et de la diffusion croissante des connaissances
scientifiques ». Aujourd'hui, ces propos sont très loin du compte.
Dans l’Europe occidentale du XIXe siècle, on présumait que toutes les cultures
finiraient par converger vers une sorte de démocratie laïque, occidentale et
libérale. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui, c’est plutôt même le
contraire.
La laïcité
qu’on entend au sens de l’athéisme n’a pas réussi à poursuivre sa marche
mondiale. La laïcisation, prédit par les sciences sociales, a échoué.
La France,
pays numéro 1 de l’athéisme
Dans les
pays occidentaux, on continue d’assister au déclin des croyances et
des pratiques religieuses. La France fait même figure de champion du monde de
l’athéisme. En 2012, Selon l’étude de l’association de sondages WIN/Gallup
International, spécialiste de la question religieuse, 63% des Français ne
s’identifient à aucune religion. Des enquêtes internationales confirment des niveaux
relativement faibles d’engagement religieux en Europe occidentale.
Même aux
États-Unis, on constate une augmentation. Avec environ 3%, le pourcentage
d’athées aux États-Unis restent cependant très faible, du moins officiellement.
Il n’est pas bien vu pour un « bon » américain de dire qu’il est
athée. Donald Trump a juré comme ses prédécesseurs sur la Bible.
A l’échelle
mondiale, le nombre de personnes qui se considèrent comme religieuses reste
élevé. Les tendances démographiques nous dirigent vers un modèle global pour
l’avenir immédiat qui sera celui d’une croissance religieuse. Ce n’est pas le
seul échec de la thèse de la laïcisation en tant que religion.
Les États-Unis sont sans doute la société la plus
avancée sur le plan scientifique et technologique dans le monde, et pourtant,
en même temps, la plus religieuse des sociétés occidentales. Il n’y a pas de
relation cohérente entre le degré de progrès scientifique et un profil réduit
d’influence religieuse, de croyance et de pratique.
Imposer une
forme d’athéisme, un danger pour la science
Dans le cas
des États-Unis l’anti-évolutionnisme est en partie motivé par l’hypothèse que
la théorie de l’évolution est un cheval de bataille pour le matérialisme laïc
et ses engagements moraux. Comme en Inde et en Turquie, l’imposition de la
laïcité en tant que religion nuit réellement à la science.
« Un peu de
science vous éloigne de Dieu. Beaucoup vous y ramène »
C’est assez
contradictoire car que les plus grands scientifiques ont tous reconnu
l’existence d’un Dieu. On peut citer parmi-eux Nicolas Copernic (fondateur de
la cosmologie héliocentrique), Galilée (fondateur de la physique expérimentale), Isaac Newton (fondateur
de la physique classique), Louis Pasteur (fondateur de la microbiologie), et Albert Einstein
(fondateur de la physique théorique moderne).
Bref, la
laïcisation mondiale n’est pas inévitable et, quand cela arrive, n’est pas
causée par la science. De plus, lorsque l’on tente d’utiliser la science pour
faire progresser la laïcité, les résultats peuvent nuire à la science. La thèse
selon laquelle « la science provoque la laïcisation » échoue tout simplement au
test empirique, et l’enrôlement de la science en tant qu’instrument de
sécularisation s’avère être une mauvaise stratégie.
Alors
pourquoi un tel combat ? Les réponses sont politiques. Laissons de côté toute
appréhension pour l’histoire du 19e siècle, la peur du fondamentalisme islamique,
l’exaspération du créationnisme, l’aversion pour les alliances entre la droite
religieuse, le déni du changement climatique et les inquiétudes quant à
l’érosion de l’autorité scientifique. Bien que nous puissions avoir de la
sympathie pour ces préoccupations, poursuivre avec ce plaidoyer est susceptible
d’avoir un effet contraire à celui prévu.
La religion
ne disparaîtra pas et la science ne la détruira pas, au contraire. La science a
besoin de tous les amis qu’elle peut avoir. Ses défenseurs seraient bien avisés
de cesser de fabriquer un ennemi à partir de la religion, ou d’insister sur le
fait que la seule voie vers un avenir sûr réside dans un mariage de la science
et de la laïcité.
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