L'histoire d'Angelo et de ses colombes

Il était une fois un tout petit Etat peuplé essentiellement de Prélats vieillissants. Malgré leurs âges avancés, ils avaient de lourdes charges. Et voilà que le plus gradé d'entre eux, sans prévenir, décide de prendre sa retraite! Une bombe dans cet état pacifique!Branle bas dans le gouvernement, dans le monde, car cet Etat si petit était peut-être le plus important de tous sans en avoir l'air, si l'on en juge en tous cas par l'afflux de journalistes!
Non loin de l'agora Saint Pierre, vivait Angelo. Il avait le nom d'un ange et se savait en être un. Car c'est ainsi que beaucoup surnomment encore les trisomiques: les Tri-Tri dit-on familièrement. Sont-ils proches de la Tri- nité ? Il ne le savait pas. Pour le reste, Angelo savait tout, devinait tout. Il était enfant lors de l'élection du «Papa» qui venait de prendre sa retraite. A l'époque, Angelo avait osé demander au vieux curé de sa paroisse de devenir lui aussi «Papabile». Lui il était si doux, si accueillant, porte toujours ouverte à celui qui avait besoin de lui. Chez lui, il n' y avait rien à voler, tout était si modeste qu'aucun voleur n'y viendrait. Ce vieux prêtre qu'Angelo aimait tant, lui avait expliqué non seulement que c'était impossible, mais surtout qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Il lui avait expliqué la solitude certaine des «Papas» et aussi leurs actions d' envergure, parfois oubliées, comme celle d'un ancien « Papa» accueillant durant la guerre à Castelgondolfo tant de familles poursuivies par un méchant homme appelé Adolf. Des enfants étaient nés dans le lit du «Papa», peut-être même un petit Angelo.Eclairé par ces explications l'enfant Angelo était allé tous les jours sur l'agora Saint Pierre. Là quelque chose ne lui avait pas échappé. Lors de tous les premiers tours d'élection, avant le panache de fumée grise un vol de pigeons tournoyait au dessus de la chapelle Sixtine. Au dernier tour, il avait remarqué un vol de colombes. Tout joyeux, il avait crié « Viva el Papa!» La foule autour de lui l'avait regardé doucement, avec moquerie. Un trisomique, de quoi se mêlait-il ? Comment pouvait-il avancer de telles choses? Et pourtant la nuée de volatiles blancs avaient fait place à une fumée blanche .
Cette fois ci, il n'était plus un enfant, bien qu'on l'appela encore «Mon Petit». Quand donc les grandes personnes qui se disaient normales comprendraient elles son savoir? Il était confiant, il saurait avant tous s'il y avait un Pape. Il espérait un Pape qui, du haut de son balcon le verrait, lui, Angelo, entouré de colombes, parfois servant de perchoir à quelques unes d'entre elles. Pour lui, nul doute, ce nouveau Pape aimerait particulièrement les Petits et saurait tout autant les choyer que les nourrir.
Angelo rêvait d'une place Saint Pierre dressée de tables pour les affamés de la ville et d'autres jours d'une place remplie de monde assis par terre à écouter parler le «Papa» au milieu d'eux. Son bon curé lui avait dit que ce n'était plus possible, qu'il fallait une Papamobile et Angelo était triste.
Mais comme les Tri-Tri ne sont jamais tristes longtemps, il le savait, le nouveau «Papa» saurait trouver des solutions et comme Jésus il aurait un cœur « gros comme ça». Sûr, il le savait Angelo, il était dans le secret de Dieu!




Sophie 

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